Sécheresses, inondations, canicules… Les effets du changement climatique sont déjà visibles sur notre territoire et seront encore plus marqués dans les décennies à venir.
Sources : relevés Météo-France (1910-1939), ERA5 – Copernicus (1940-2023)
Si certaines conséquences ne font pas encore consensus, les risques sanitaires, l’impact sur les productions agricoles et ainsi que sur la ressource en eau ne font plus débat. L’accélération notable de ces phénomènes va accroître les fragilités environnementales structurelles des territoires, entraînant de multiples conséquences sur les populations, les activités économiques et la biodiversité. Il est urgent de prendre en compte ces conséquences et d’œuvrer dès aujourd’hui pour créer de nouveaux équilibres pour le territoire et l’ensemble des êtres vivants qu’il abrite.
Dans ce contexte, le Parc & Géoparc a réalisé un travail de modélisation à échelle fine des scénarios du GIEC en partenariat avec l’Université de Caen Normandie. Ce travail permet de visualiser de façon concrète, à travers les différents scénarios, les trajectoires probables du changement climatique pour notre territoire et d’ouvrir les discussions sur les solutions à imaginer ensemble.
Ne pas confondre météo et climat
Il n'est pas rare d'entendre : « Avec 2 degrés en plus, on n’aura pas juste un peu plus chaud ? ». Mais il ne faut pas confondre météo et climat !
La météorologie est l’étude des phénomènes atmosphériques pour prévoir le temps à un moment et à un endroit donné. La climatologie étudie à des échelles de temps et d’espace beaucoup plus conséquentes les caractéristiques qui définissent le climat. Concrètement, si la météo prévoit une baisse de 5°C dans une journée, ce n’est pas dramatique. Alors qu’une baisse de 5°C de température moyenne du climat signifierait que nous revenions à l’ère glaciaire d’il y a 20 000 ans. À cette époque, la France ressemblait au nord sibérien actuel et il était possible de traverser la Manche à pied pour rejoindre l’île de Grande-Bretagne.
Cette comparaison permet de remettre en perspective les conséquences de l’augmentation des températures moyennes de plusieurs degrés et son accélération observées depuis la fin du 20ème siècle du fait de la concentration des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Une modélisation à échelle fine des données du GIEC
Les travaux du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) prévoient différents scénarios (appelés RCP - trajectoires représentatives de concentration) d'évolutions futurs du climat à l’échelle de la planète en fonction des émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, d’ici 2100, l’augmentation de la température moyenne mondiale pourrait se situer entre +1,3°C et +4,1°C (comparée à l’ère préindustrielle) et les épisodes de fortes chaleurs augmenter en fréquence et en durée, avec de forte variation selon les espaces.
Et concrètement, à l’échelle du territoire, ça donne quoi ?
Le Parc & Géoparc a initié, en partenariat avec Olivier Cantat - géographe-climatologue, enseignant-chercheur à l'Université de Caen Normandie et membre du GIEC Normand - une modélisation du changement climatique à échelle fine.
Le modèle de désagrégation spatiale consiste, à partir des simulations climatiques sur des surfaces d’étendue moyenne (maille 8 km * 8 km, données DRIAS – Météo France), à descendre à des résolutions plus fines en intégrant différents paramètres déjà connus à ce niveau (voir schéma ci-contre). Ici, nous avons utilisé les données du relief, avec une résolution de 25 m pour un résultat proche des cartes topographiques au 1:25000 (1 cm = 250 m).
C’est parce qu’il existe une relation statistique explicative entre le relief et les variables climatiques (températures, précipitations) que le modèle de désagrégation spatiale est possible.
D’avril à septembre 2022, une mission de stage a été menée en ce sens par Hugo Fontaine afin de spatialiser les modèles climatiques à l’échelle du Parc & Géoparc Normandie-Maine avec une période de référence pour « le climat passé » allant de 1976 à 2005, puis deux projections temporelles :
Concrètement, les résultats permettent de cartographier les variables climatiques de la période de référence pour « le climat passé » (1976 - 2005), puis des projections temporelles :
- Horizon 2021-2050 (horizon proche)
- Horizon 2051-2070 (horizon moyen)
- Horizon 2071-2100 (horizon lointain)
… à partir des scénarios du GIEC modélisant des futurs possibles du climat selon les actions pour limiter le changement climatique :
- RCP 4.5 : intermédiaire (ou médian). Scénario selon lequel il y aura une stabilisation puis une diminution des émissions de gaz à effet de serre (mais inférieurs aux objectifs des accords de Paris) au cours du 21ème siècle.
- RCP 8.5 : pessimiste. Scénario selon lequel il y aura un maintien de l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel, soit aucune action pour limiter les émissions (trajectoire actuelle).
L'horizon 2071-2100
Au cours de l’année 2024, le Parc et Géoparc a poursuivi le travail en modélisant la période 2071-2100. Les résultats à l’horizon 2100 montrent l’accroissement de l’écart des effets du changement climatique entre le scénario intermédiaire (RCP 4.5) et le scénario pessimiste (RCP 8.5) du GIEC. Une classification de l’évolution du climat a été réalisée, permettant de mieux comprendre les modifications potentielles du climat entre la période 1976-2005 et la fin du XXIème siècle. La classification repose sur des calculs à partir des moyennes des températures et du cumul des précipitations. Les résultats montrent une potentielle « méditerranéisation » du climat à l’horizon 2100 (RCP 8.5), notamment dans la partie sud du territoire du Parc et Géoparc : plus chaud et surtout plus sec en été, avec de plus fortes pluies en hiver. Les résultats sont consultables sous forme de cartes interactives.
Indicateurs annuels d’évolution sur le territoire du Parc & Géoparc
par rapport à la période de référence 1976 - 2005
Horizon 2071-2100
- scénario pessimiste RCP 8.5 -
+ 3,54 °C
de moyenne de température (+1,39°C comparé à l'horizon 2051-2070)
+ 47 jours d'été
Température maximale supérieure à 25 °C (+27 jours comparé à l'horizon 2051-2070)
+5,3 jours de fortes chaleurs
Température maximale supérieure à 35 °C (+3,8 jours comparé à l'horizon 2051-2070)
+ 15 nuits tropicales
Nuit où la température moyenne ne descend pas en dessous de 20 °C (+10 nuits comparé à l'horizon 2051-2070)
+ 60 jours de vagues de chaleur
Nombre de jours pour lesquels la température maximale quotidienne est supérieure à +5 degrés par rapport à la température maximale quotidienne de la période de référence dans une séquence de plus de 5 jours consécutifs (+37 jours comparé à l'horizon 2051-2070)
Un atlas cartographique à l'échelle du Parc
D’avril à septembre 2022, une mission de stage (Hugo Fontaine, master GAED UniCaen) a été menée afin de spatialiser les modèles climatiques à l’échelle du Parc & Géoparc Normandie-Maine. Les productions ont été compilées sous forme d’atlas cartographique.
Quatre variables ont été cartographiées - températures, précipitations, indice de potentialité bioclimatique et déficit hydrique – pour la période de référence, l’horizon 2021-2050 et l’horizon 2051-2070 ainsi que l'horizon 2071-2100, selon les scénarios RCP 4.5 et RCP 8.5. Les résultats sont présentés par mois et pour l’année.
Une carte interactive pour appréhender les évolutions de son territoire
Depuis 2022 le Parc a repris le travail de modélisation et l’a étendu. Une carte interactive « Quel climat pour 2100 ? », basée sur cette nouvelle modélisation, permet de consulter, pour chaque commune et intercommunalité du Parc & Géoparc1 les températures et précipitations pour la période de référence (1976-2005) et pour les deux scénarios RCP aux horizons 2051-2070 et 2071-2100.
Des chiffres clés, des indicateurs et un tableau de comparaison des données (par exemple pour les vagues de chaleur ou les périodes de sécheresse) sont également consultables via cette interface afin de rendre les données modélisées plus concrètes.
Une aide à la décision pour les intercommunalités du territoire
Un des objectifs de la spatialisation des projections climatiques à l’échelle du territoire est d’étudier les risques associés au changement climatique, comme les risques incendie, sécheresse et érosion, et de définir des secteurs à enjeux.
Grâce à cette expérimentation, le Parc & Géoparc dispose désormais de nombreuses données modélisées à l’échelle du territoire et des intercommunalités1 qui le recoupent. Afin de favoriser la prise en compte de ces données dans leurs projets d’aménagements, un livrable personnalisé leur a été adressé. Ils sont consultables via notre docuthèque ainsi qu’un document général de retour d’expérience.
Vous pouvez également les retrouver ci-dessous :
INTERCOMMUNALITES | HORIZON 2070 | HORIZON 2100 |
Communauté de Communes Andaine-Passais |
Téléchargez le document | Téléchargez le document |
Communauté de communes de la Champagne Conlinoise et du Pays de Sillé |
Téléchargez le document | Téléchargez le document |
Communauté de Communes de la Vallée de la Haute Sarthe |
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Communauté de Communes des Coëvrons |
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Communauté de Communes des Sources de l’Orne |
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Communauté de Communes du Bocage Mayennais |
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Communauté de Communes du Maine Saosnois |
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Communauté de Communes du Mont des Avaloirs |
Téléchargez le document | Téléchargez le document |
Communauté de Communes du Pays Fertois et du Bocage Carrougien |
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Communauté de Communes Haute Sarthe Alpes Mancelles |
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Communauté de Communes Mayenne Communauté |
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Communauté Urbaine d’Alençon |
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Domfront Trinchebay Interco |
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Flers Agglo |
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Terres d’Argentan Interco |
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Un travail de recherche à poursuivre et à partager
En parallèle, le Parc & Géoparc continue son travail en lien avec la recherche. Il met en place des stations météo en divers lieu du territoire afin, par exemple, de confronter les résultats du modèle avec des relevés réels (voir les données des stations sur le site d’Infoclimat : Pré-en-Pail le Souprat, La Lande-de-Goult Bois-de-Goult).
La méthodologie de modélisation, développé sur logiciels libres, sera publié afin que d’autres structures puissent reproduire les résultats pour leur propre territoire. Une expérimentation a été menée en 2024 en ce sens avec les 3 autres Parcs naturels régionaux normands.
1 sauf pour la Communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel-Normandie